Ses vidéos sont drôles, lui et Seb ont un talent certain pour produire du divertissement et parviennent habilement à éviter les écueils classiques de ce domaine comme le recours inlassable au grivois. Je salue également une discipline de veiller soigneusement à ce que leur production ne soit pas teintée par leurs convictions politiques, qu'ils n'ont par ailleurs pas de mal à exprimer sur les réseaux sociaux.
Il y a outre cela un léger malaise à continuer à regarder ces vidéos je trouve. Notre époque est secouée par des turbulences suffisamment fortes pour marquer la société et ébranler des socles sur lesquels reposent le processus humoristique justement. Un jour les hommes sont des femmes, le lendemain on n'a plus le droit de sortir, le jour d'après il faut crever de froid mais c'est pour la bonne cause et ça ne semble pas vouloir ralentir.
L'humour et les histoires se basent tous sur la représentation commune qu'on se fait du monde, et nous touchent à plus forte mesure en référençant les représentations issues d'expériences vécues par le plus grand nombre. Un Aztèque aurait du mal à saisir une blague sur une télécommande requiérant deux piles au lieu d'une. Un Aborigène ne comprendrait pas une blague sur le fait de monter par erreur une marche supplémentaire à la fin d'un escalator.
Ainsi, en ignorant les évènements à forte portée politique qui restructurent notre quotidien, tout humour qui se limite obstinément aux références prédatant le virage temporel de Clown World se condamne à l'impotence.
J'ai surtout été irrité à plus d'une reprise par les plaintes répétées dans le deuxième canal au sujet des adaptations qui assassinent des personnages et des figures héroïques pour servir une idéologie, or les analyses se gardent d'adresser ces tendances dont l'influence sur les productions """"artistiques"""""" est pourtant croissante, se contentant de les juger uniquement à travers un prisme artistique, exécutif, scénaristique. C'est une simagrée impuissante et pathétique, qui illustre bien le but poursuivi: que le mâle blanc voie ses héros humiliés et déconstruits comme Vercingétorix prosterné aux pieds de César.