Je suis à la moitié de la Société du Spectacle, livre visionnaire écrit par un cinématographe français dans les 60s et qui aurait également produit un film éponyme. Je décrirais l'auteur comme un anticapitaliste qui se croit communiste (c'était les 60s, y avait pas le même recul...)
Je mettrais cette œuvre au même rang que le Capitalisme du Désir de Clouscard, et ça me m'emmerde profondément que la société française ne mette pas plus en avant ses enfants brillants.
J'ai entammé ce livre au format audio après avoir lu La Révolution Industrielle et ses Conséquences du bon vieux Teddy, mais j'ai hélas perdu la routine qui me rendait la lecture si facile et j'essaye maintenant de la restaurer après un déménagement et autres péripéties.
Idées principales pour ceux qui ont la flemme: le capitalisme cherche à emprisonner l'humain dans des illusions pour les manipuler, ainsi il a commencé il y a longtemps à conditionner nos esprits à accorder un crédit excessif au paraître au détriment de la mesure et du jugement de l'expérience authentique des choses. Ainsi dans l'esprit commun, le goût et la qualité d'un aliment est jugé à partir de son apparence et de sa valeur sur le marché (les gens) plus que selon l'expérience personnelle qu'on en a (à une époque, les McDo étaient tellement surbookés qu'ils y avait une longue queue dehors)
Les critères d'après lesquels étaient autrefois jugées les femmes et que personnifie la Sainte Vierge, avec sa grâce pudique et maternelle, s'effacent sous le règne d'expressions très graphiques qui brandissent l'absence de vertu comme signe de fertilité et de désirabilité. Mais du coup, 50% de divorce...
Ce principe se rencontre à travers plusieurs exemples comme les voitures, le mode de vie et tout ce que le marché cherche à objectifier et commercialiser.
La démocratie elle-même est devenue une mascarade qui voue une hargne de zélé à protéger sa réputation dans le discours commun, hargne qui contraste lamentablement avec la pauvreté des efforts qu'elle attache à incarner sa réputation de justice, de transparence et de liberté.
Les apparences ont un pouvoir dangereux.
Car même si nous sommes dotés de garde-fous censés nous alerter des périls qu'on encourt, qu'en est-il du blessé qui ne sent pas la brulure de ses plaies ? Du mari trompé qui élève dans un bonheur insouciant l'enfant qui n'est pas le sien ?
De l'esclave opprimé qui est contraint de participer chaque jour à la comédie qui le met en scène comme homme libre, mais qui finit pas s'y résoudre ?
Étant issue de la pensée marxiste, il n'est pas étonnant que cette réflexion soit très féconde et résiste à l'épreuve du temps.