>>2225
Je te réponds sur plusieurs points, n'y vois aucune agressivité, mais une certaine radicalité dans l'éducation libre et positive. J'en suis même à imaginer une folle reconversion dans ce domaine. Je saute donc sur toute occasion d'approfondir mes connaissances, de polir mes arguments et de consolider mes convictions.
>J'attribuerais cet écueil à la modernité et à "l'industrialisation" de l'éducation.
Surtout l'éducation nationale française, qui est obstinément magistrale malgré son inefficacité proverbiale. En Allemagne, pour ne citer qu'eux, les cours n'ont lieu que le matin, ce qui laisse l'après-midi pour des ateliers d'approfondissement dans les matières souhaitées par l'élève. Et même les cours du matin ne sont pas aussi "verticaux" que ceux en France ; l'enseignant fait un constant travail d'adaptation grâce à un mécanisme de rétro-feedback fédéralisé et éprouvé depuis des décennies.
>D'un autre coté, "l'éducation" (au sens moderne) est la variable la plus déterminante du futur matériel de l'enfant, et sa standardisation réduit considérablement les disparités de classe qui sont traditionellement perçues comme des inégalités.
La nature n'est florissante que dans l'inégalité anon. L'égalité n'existe pas, et il est même juste et bon que les hommes soient inégaux entre eux. Un projet civilisationnel qui cultive, entretient et chérit ses têtes qui dépassent est de loin préférable à un autre qui s'obstine à enseigner l'algèbre à des bas-de-plafond. Le collectivisme, quel que soit son degré d'application, n'est profitable à personne. Le génie sera tiré vers le bas par la majorité, et les simplets ne retiendront leurs leçons que parce qu'ils y sont forcés.
En définitive, seul le résultat compte : que chacun trouve sa place, dans un système qui valorise le travail de tous pour l'intérêt supérieur commun. Un jardinier qui n'en a rien à foutre des équations du second degré mais qui embellit le quartier sera toujours plus utile à la communauté qu'un spéculateur en bourse expert des analyses en composantes principales, et dans un système axé sur la justice sociale et le bien commun, l'un sera bien mieux récompensé par la société que l'autre.
>La justce mesure n'est pas facile à trouver entre un dirigisme suffisemment rigide pour assurer un minimum souhaité de réussite matérielle et assez de souplesse pour atténuer la charge de l'éducation sur les parents et maximiser la responsabilisation et la liberté d'expression de l'enfant.
L'éducation, comme le reste, doit être libre. A l'extrême rigueur, on pourrait fixer une base qui serait de savoir lire, écrire et compter. Mais après cela, c'est à l'enfant de choisir d'apprendre, ou pas. La rigidité, ou pire, la sévérité, est la mère des névroses plus ou moins tardives. Alors qu'un enfant libre a naturellement confiance en lui, en la vie, en son destin.
Dès lors, la seule vraie responsabilité des parents est d'entretenir cette liberté, naturelle et innée, dans le coeur de leur progéniture et de la lui garantir tout au long de l'enfance. Car plus on insiste dans la sévérité, plus on tarde à laisser l'enfant libre, plus il va mettre de temps à corriger le tir, dans le sens de mettre à profit cette liberté retrouvée à bâtir son avenir. Un enfant de 10 ans éduqué de manière dirigiste et placé dans un environnement de totale liberté peut mettre plusieurs mois, voire des années, avant de décider de lui-même d'aller en cours.
>Je n'arrive pas à concevoir de meilleure solution que la bienveillance et l'altruisme d'une mère dévouée à ses enfants.